L'aveuglement de Steeve Briois

Mal à l'aise, il invoque la compétence du conseil régional en matière de formation professionnelle pour justifier le vote d’une aide exceptionnelle aux salariés de Sublistatic. Mais c’est justement le problème !
Les ex-Sublistatic n’auraient jamais dû se voir imposer un Contrat de transition professionnelle. Victimes d’un licenciement économique, ils avaient droit à des indemnités de chômage. Le CTP qui leur a été proposé les transforme en « stagiaires de la formation professionnelle » et permet par la même occasion à l’Etat de se défausser, en l'occurence sur la région qui a choisi de prendre les devants en finançant à hauteur de 50 % le CTP. Une manip' qui reçoit aujourd'hui la bénédiction du FN toujours au rendez-vous lorsqu'il faut saper les droits des chômeurs.
En tout état de cause, c’est tout bénéfice pour l’Etat qui peut par la même occasion truquer les chiffres du chômage tout en dédouanant les entreprises de leurs responsabilités.
Il faut savoir que le Contrat de transition professionnelle de Jean-Louis Borloo qui a été proposé aux salariés de Sublistatic est un dispositif de reclassement passé en force (c'est-à-dire à la dernière minute et sans concertation dans le cadre d'un projet de loi sans rapport direct avec la mesure) par le gouvernement en début d'année. Celui-ci consiste à verser 80 % du salaire brut pendant un an au bénéficiaire qui s'engage à chercher un emploi, suivre une formation ou faire preuve de mobilité, en échange d'un suivi renforcé. En dépit du rejet des partenaires sociaux et de l'UNEDIC, Jean-Louis Borloo compte progressivement substituer le CTP à la CRP (Convention de reclassement personnalisé), autre dispositif douteux déjà entré en vigueur depuis juin 2005.
Pour mémoire, le chômeur qui bénéficie d’une convention de reclassement personnalisé n'est plus considéré comme un chômeur, mais un stagiaire de la formation professionnelle. En glissant ainsi sous le tapis des stagiaires de la formation professionnelle, il échappe à la comptabilité des chiffres du chômage, à la grande satisfaction de l'Etat, tout en prenant sur son dos la responsabilité de son départ, ce qui a l'avantage de dédouaner l'entreprise pourtant à l'initiative du licenciement économique nouvelle formule.
Les indemnités perçues ne sont pas des indemnités de chômage mais une allocation spécifique de reclassement. C'est la flexibilité et l'insécurité pour les salariés. Mêmes droits, mêmes obligations que les chômeurs mais « moins » gratuit, puisque déductible du droit individuel à la formation. Les personnes optant pour cette formule et signataires de la convention de reclassement personnalisé « bénéficieront » d'entretiens individuels, de pré-bilan, de bilan de compétences, validation des acquis et de l'expérience, de soutien psychologique, éventuellement de formation… mais uniquement des formations pour accéder à des emplois dits « en tension ».
En fait, elles auront les mêmes droits que les chômeurs, les mêmes obligations sous peine des mêmes sanctions (signalement à la DDTEFP) sauf que pour elles, ce ne sera pas gratuit. Elles auront l'honneur et l'avantage de participer aux frais grâce aux fonds collectés dans le cadre du DIF (droit individuel à la formation) et à leurs indemnités de préavis, qu'elles n'effectueront pas, et que les employeurs reverseront aux Assedic.
Le Contrat de Transition Professionnelle, tout comme la Convention de reclassement personnalisé, n'offre rien de plus solide que le dispositif classique (PARE - Plan d'aide au retour à l'emploi), mais il a l'immense avantage de transformer le nouveau demandeur d'emploi en « salarié en transition » qui va le propulser directement en catégorie 4 - stagiaires de la formation professionnelle, non comptabilisés dans les statistiques du chômage. Ainsi, des dizaines de milliers de licenciés n'apparaissent pas dans les chiffres officiels.
Les élus communistes à la région ont été les seuls à se montrer conséquents en refusant, à juste titre, de cautionner un dispositif qui sape les droits des chômeurs et qui participe du désengagement de l’Etat.
Contrairement à ce que croit Steeve Briois, les ex-Sublistatic ne sont pas idiots et ont bien compris que le PCF était à leurs côtés dans cette affaire.