Bartlet for America !

Aux Etats-Unis où la septième et dernière saison s'est achevée en mai, A la Maison Blanche (The West Wing) est déjà une série culte.
Tout commence en 1999. Aaron Sorkin et John Wells (le producteur d'Urgences) imaginent une série télévisée qui se déroulerait dans l'aile ouest de la Maison Blanche. Il s'agit de rendre la politique accessible aux télespectateurs américains.
A la Maison Blanche raconte le quotidien du président "Jed" Bartlet, un président démocrate charismatique, incarné par Martin Sheen. Catholique, prix nobel d'économie, ancien gouverneur de Nouvelle Angleterre, Bartlet est le prototype même du "liberal" (on dirait "progressiste" en France). Il est entouré de collaborateurs tous plus brillants et attachants les uns que les autres : Léo MacGarry, son secrétaire général et son plus vieil ami, Joshua Lyman, le secrétaire général adjoint chargé des affaires de politique intérieure, Toby Ziegler, le très taciturne directeur de la communication, Sam Seaborn, le directeur-adjoint de la communication, CJ Cregg, la porte-parole de la Maison Blanche.
Autour de ces cinq collaborateurs de premier plan gravitent des secrétaires, des conseillers politiques, des sondeurs, des députés et des sénateurs, des journalistes...
La première saison se déroule un an après l'élection de Bartlet. Déjà, les problèmes s'accumulent pour l'administration Bartlet. Les sondages sont mauvais, la chambre des représentants contrôlée par le Parti Républicain bloque les projets de lois des démocrates. Malgré cela, il faut préparer les élections de mi-mandat pour tenter de regagner la chambre des représentants.
Bartlet se représentera-t-il ? Dans la saison 2, il va devoir faire face aux conséquences d'un mensonge qui pourrait lui coûter la réélection.
Bartlet sera finalement réélu au début de la saison 4.
Dans la deuxième partie de la saison 6, les collaborateurs du président se sépareront pour préparer la succession de Bartlet. Certains se rangeront derrière le vice-président Bob Russell, d'autres soutiendront Matt Santos, un jeune député démocrate d'origine hispanique.
Durant sept ans, la série aura évoqué toutes les grandes questions qui secouent les Etats-Unis : peine de mort, avortement, mariage gay, contrôle des armes à feu...
En matière de politique étrangère, le conflit israélo-palestinien comme la "guerre contre le terrorisme" ont été généralement traités avec justesse, sauf au cours de la saison 3 (2001-2002) où les scénaristes, traumatisés par les attentats du 11 Septembre ont multiplié les épisodes sur ce thème.
A la Maison Blanche tire sa révérence après sept années de succès amplement mérité. Les téléspectateurs français frustrés par la diffusion erratique et nocturne de la série sur France 2 ont dû se replier sur les coffrets DVD pour profiter d'une série qui aurait amplement mérité une case horaire digne de ce nom.
Aux Etats-Unis, Martin Sheen, auréolé par son rôle de président, est devenu l'icône du mouvement anti-guerre. Après Ronald Reagan et Arnold Schwarzenegger, Martin Sheen pourrait-il à son tour se lancer dans une carrière politique ? La réalité rejoindrait alors la fiction...
En France, nous n'en sommes pas encore là... Encore que Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal ont adopté de toute évidence des méthodes de marketing politique à l'américaine.
Quant au recentrage "blairiste" de Ségolène Royal, il rappelle celui de Bill Clinton et du Parti Démocrate américain au début des années 90.
En fait, c'est surtout en matière de fiction télévisée que la France a un retard à rattraper.
A quand une fiction politique française aussi bien écrite et aussi pédagogique qu'A la Maison Blanche ?