Gérard Dalongeville, Claude Chopin et Guy Mollet placés en détention provisoire (1)

09/04/09
POLITIQUE - Le maire d'Hénin-Beaumont , Gérard Dalongeville, a été placé en détention provisoire ce soir, après 48 heures de garde à vue. Il a été mis en examen pour détournements de fonds publics, faux et usage de faux, favoritisme. Les enquêteurs ont mis en évidence un système de fausses factures à la mairie d'Hénin-Beaumont, pour 900.000 euros, au moins.
Cet argent aurait entre autres servi à payer des voyages au Luxembourg, à Biarritz, et à Carcassonne, en avion privé, à Guy Mollet, un entrepreneur, ancien responsable du journal municipal. Selon la procureure Brigitte Lamy, le montant des fausses factures pourrait atteindre jusqu'à 4 millions d'euros. "Ce chiffre doit être pris au conditionnel, l'instruction ayant pour objet de le préciser". La mairie aurait payé des factures pour des travaux et des services jamais effectués. L'enquête démontrera en échange de quoi.
Les enquêteurs ont aussi trouvé un coffre fort dans le bureau du maire. Il contenait 13 000 euros en liquide. Le maire a d'abord nié avoir un coffre fort. Quand il a été découvert, le maire a dit qu'il n'en possédait pas les clés. Quand un serrurier a ouvert le coffre, le maire ne s'est pas expliqué.
En quatre ans, pour combler les déficits de la municipalité, les impôts locaux ont presque doublé à Hénin-Beaumont.
L'enquête ne porte que sur les années 2006-2008, les éventuels faits précédents sont prescrits. Avec Claude Chopin, ancien adjoint au maire chargé des finances, et Guy Mollet, le maire encourt dix ans de prison et 150.000 euros d'amende.
Le maire socialiste d'Hénin-Beaumont a été élu en 2001. Il avait été exclu du PS pour s'être présenté contre lui. En 2008, pourtant largement controversé à gauche, il a été réélu à la tête d'une coalition de gauche pour faire barrage aux têtes de liste du Front national, Steeve Briois et Marine Le Pen. Le PS l'avait ré-intégré.
H.S.

09/04/09
HENIN-BEAUMONT - Actualisé - Il y avait 13 000 euros en liquide dans le coffre-fort secret de Gérard Dalongeville, maire d'Hénin-Beaumont. C'est ce qu'a révélé cet après midi la procureure de la République de Béthune, Brigitte Lamy, dans l'enquête sur les affaires financières de la municipalité socialiste. Gérard Dalongeville a d'abord nié l'existence du coffre, puis a affirmé ne pas en avoir les clés. Un serrurier en est venu à bout.
Sur les 13.000 euros qui s'y trouvaient, le maire n'a eu aucune explication à donner. Le procureur ironise lors de la conférence de presse : difficile d'imaginer que les billets datent de son prédécesseur, ils auraient été en francs, et non en euros. Brigitte Lamy a confirmé la présence de fausses factures, pour un montant assuré de 900 000 euros, qui pourrait s'élever jusqu'à quatre millions d'euros.
Les mises en examen de Gérard Dalongeville, de son ancien premier adjoint chargé des finances de 2001 à 2008, Claude Chopin, et de Guy Mollet, l'éditeur du bulletin municipal, sont en cours. Pour le procureur, l'enquête tend vers "la thèse de l'enrichissement personnel", elle a requis la détention provisoire pour les trois hommes. Vers 18h, le parquet de Béthune a annoncé que Guy Mollet et Claude Chopin avaient été écroués.
La ville est en cessation de paiement, a un déficit de plus de douze millions d'euros, et Gérard Dalongeville n'a été réélu aux dernières municipales que grâce à une union de la gauche, pour faire barrage au Front national et à Marine Le Pen, aujourd'hui conseillère municipale à Hénin.
Le procureur rappelle que seule la période 2006-2008 est examinée, les faits des précédentes années étant prescrits. Une information judiciaire a été ouverte pour les chefs de détournement de fonds publics par personne chargée d'une fonction publique, de recel et de complicité de recel, de faux en écriture et usage, de favoritisme et recel de favoritisme. Le chef d'extorsion de fonds ne concerne que Guy Mollet.
Les fausses factures servaient entre autres à payer des voyages en avion privé à l'éditeur du bulletin municipal. Destinations : Carcassonne, Biarritz ou le Luxembourg. L'instruction devra dire jusqu'à quel montant se sont portées les fausses facturations. Le système utilisé est un classique : des factures de sociétés privées pour des services qui n'ont jamais été rendus, en particulier dans l'entretien des espaces verts.
H.S. et S.M.

Jeudi 09 Avril 2009
Par V.V. (avec Reuters)
Le JDD.fr
Le maire d'Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais), Gérard Dalongeville, a été mis en examen et incarcéré jeudi pour "détournement de fonds publics, faux en écriture privée, complicité et recel de détournement de fonds publics", a annoncé jeudi le procureur de la République de Béthune. Un ancien adjoint et un homme d'affaires ont connu le même sort. Ils risquent jusqu'à dix ans de prison.
C'est un véritable système de fausses factures qui a été mis à jour à Hénin-Beaumont. Selon l'enquête menée depuis juin 2008 par la brigade financière de la police judiciaire de Lille, le maire socialiste de la ville, Gérard Dalongeville, Claude Chopin, un ancien adjoint aux finances et un homme d'affaires local, Guy Mollet, ancien éditeur du journal municipal, auraient détourné de l'argent public. Après 48 heures de garde à vue, ils ont tous trois été mis en examen par le juge d'instruction de Lille pour "détournement de fonds publics, faux en écriture privée, complicité et recel de détournement de fonds publics" et ont été tous incarcérés.
Les fausses factures étaient acquittées à des sociétés contre des services non rendus. Et les sommes sont importantes : "Les fausses factures s'établissent à un montant révélé de 900 000 euros, elles pourraient monter à 4 millions d'euros, elles correspondent notamment à des voyages en avion-taxis, certains à destination du Luxembourg", a déclaré le procureur de la République, Brigitte Lamy lors d'une conférence de presse ce jeudi. "L'enquête devra maintenant déterminer s'il y a eu un enrichissement personnel", a-t-elle ajouté, en précisant que la police judiciaire penchait vers cette piste. En effet, lors d'une perquisition à la mairie, les enquêteurs ont découvert un coffre-fort contenant 13 000 euros en liquide.
Enrichissement personnel ?
Si les faits sont avérés, les trois mis en examen risquent jusqu'à dix ans de prison et 150 000 euros d'amende. Mercredi, l'avocat de l'édile expliquait que son client réfutait d'avoir tenté de s'enrichir de la sorte. Mais le maire a encore d'autres soucis : il est toujours sous la menace d'une suspension que le préfet pourrait demander prochainement. En cause, la gestion catastrophique du budget de la commune. Depuis 2003, cette dernière est fréquemment épinglée pour son train de vie au-dessus de ses moyens. Récemment, un rapport de la chambre régionale des comptes a encore accablé le premier magistrat de l'ancienne cité minière.
Au-delà de ces affaires, la situation est explosive dans la ville, cible de l'élu frontiste Marine Le Pen, qui aimerait en faire son fief. De plus, la majorité s'entre-déchire. Lundi soir, Gérard Dalongeville a fait retirer ses délégations à sa première adjointe Marie-Noëlle Lienemann, qui avait refusé de voter son budget. L'élue va tenter de faire annuler cette décision.