Le Parisien s'est procuré le rapport d'observations provisoires de la CRC

Ce rapport accable le maire d’Hénin-Beaumont
Azzeddine Ahmed-Chaouch et Nicolas Jacquard | 24.04.2009
Gérard Dalongeville, le maire PS d’Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais), est toujours en détention provisoire. Mis en examen le 9 avril pour détournement de fonds publics, il est également poursuivi depuis mercredi pour corruption passive. Nouvel élément dans cette affaire : un rapport confidentiel de la chambre régionale des comptes (CRC) en date du 12 mars, que nous nous sommes procuré, accable la gestion de l’élu.
Contrats publics douteux, frais de déplacement injustifiés, avantages en nature : le maire a pris connaissance du document le 10 avril. Il a un délai de deux mois pour s’expliquer, ce qu’il fera par le biais de son avocat.
Un cabinet digne d’un ministère. A lui seul, le cabinet du maire « représente au total plus de trente emplois permanents et presque autant d’emplois temporaires fin 2008 », soit presque autant qu’un ministère. En 2008, les rémunérations de ce personnel mobilisaient « plus de 1 million d’euros », quand la ville enregistre un déficit de 12 millions. Parmi cette série de postes, au moins l’un d’eux serait fictif. « Alors que la ville et l’agent concerné reconnaissent que l’emploi n’est plus occupé depuis juillet 2007, elle continue à verser les salaires, note le rapport de la CRC. Une telle situation l’expose à un risque juridique. »
Avantages en nature. « La ville n’est pas en règle au regard de la déclaration des avantages en nature octroyés à ses agents et ses élus », pointe la chambre des comptes. Jusqu’à une date récente, Hénin-Beaumont, 27 000 habitants, disposait d’une flotte de quatre-vingt et un véhicules, « sans rapport avec ses besoins réels », et « le maire lui-même concède que des abus ont pu être réalisés par les utilisateurs de ces véhicules à des fins personnelles ». Avec un adjoint, il a profité de nombreux billets d’avion sans pouvoir les justifier, pour un montant de plus de 100 000 € entre la mi-2006 et le début de 2007.
Contrats publics douteux. Plusieurs marchés présentent depuis 2004 « des montants approchant, voire excédant, les seuils habituels applicables en la matière, et en particulier celui de 206 000 € pour les fournitures, services et travaux », détaille la CRC. De nombreux achats ont été passés, alors qu’ils auraient dû faire l’objet de marchés.
« Inadvertance et négligence ». Face à ces éléments accablants, Didier Cattoir, l’avocat de Gérard Dalongeville, reconnaît « beaucoup de mauvaises habitudes de gestion ». Mais, pour lui, le maire a péché « par inadvertance et négligence », sans aucun enrichissement personnel. « Je suis allé chez lui, et je ne suis pas rentré au château de Versailles, décrit Didier Cattoir. Il roule en 207, son jardin n’est pas fini et ses voyages sont facturés à son nom. » Le juriste a par ailleurs fait appel de la mise en détention de son client. Sa demande sera examinée la semaine prochaine.