Les zélateurs du marché

Alternative Libérale qui annonce aujourd'hui un millier de militants et 3000 sympathisants réunis dans une centaine de comités locaux, qui compte présenter un candidat à l'élection présidentielle et des candidats un peu partout en France aux législatives, a été fondée par l'équipe de direction de Liberté Chérie, une association antigréviste apparue en 2003 pour soutenir la réforme des retraites de Raffarin et exiger la disparition pure et simple de la retraite par répartition.
Les dirigeants du nouveau parti libéral sont des jeunes gens sortis de Sciences Po et d'HEC. Déçus d'Alain Madelin, ils ont quitté l'UMP en raison de ses positions jugées "gauchistes" et "collectivistes".
Les militants d'Alternative Libérale ont deux idoles : l'économiste autrichien Friedrich Von Hayek et le Pape de l'Ecole de Chicago, l'ancien conseiller de Pinochet, Milton Friedman. Sans surprise, les militants d'Alternative Libérale confessent une admiration sans bornes pour Ronald Reagan et Margaret Thatcher.
Le programme économique d'Alternative Libérale ferait presque passer Nicolas Sarkozy et Jean-Marie Le Pen pour des trotskistes illuminés ! C'est simple, pour eux, l'existence de services publics est une hérésie et l'ensemble du secteur public doit être confié au marché, en commençant par l'Education Nationale. Alternative Libérale propose donc dans un premier temps le licenciement de centaines de milliers de fonctionnaires avant de supprimer purement et simplement le statut de fonctionnaire.
Partout, le marché doit régner en maître. Les militants d'Alternative Libérale prônent la suppression de milliers de kilomètres de voies ferrées et de toutes les gares non rentables. Les habitants des villages concernés n'auront qu'à prendre le bus s'ils veulent voyager !
Férocement anti-impôts, les militants d'Alternative Libérale prônent la suppression de toutes les aides sociales, des allocations chômage, du RMI et même du SMIC au motif que l'existence d'un salaire minimum est une terrible entrave à la liberté des entreprises de mal payer leurs salariés !
En matière sociale, Alternative Libérale souhaite priver les syndicats de tout financement public et conteste l'existence même d'accords de branches ou d'entreprise. Les libéraux rejettent toute durée légale du travail et l'existence de congés payés.
Ils ne reconnaissent pas la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme de 1948, qui garantit à chaque homme des droits économiques et sociaux. Pour Alternative Libérale, il n'existe pas de droits économiques et sociaux !
En matière sociétale, les ultra-libéraux d'AL sont favorables au mariage gay et à l'adoption par les couples homosexuels, ils s'opposent à toute limitation de l'immigration, à toute limitation de la consommation de stupéfiants, comme à toute limitation de la prostitution. Le marché avant tout !
Amoureux des chars Abrams et des B52 américains, les militants d'Alternative Libérale soutiennent sans distinction toutes les guerres de George Bush et d'Israël au motif que les bombardements américains apportent la liberté et le marché.
Alternative Libérale peine à s'implanter dans notre région (on comprend pourquoi !). Ils n'auraient que deux comités locaux, à Lille et à Saint-Venant.
Pour autant, on aurait tort de les prendre pour un groupuscule isolé d'ultra-libéraux fanatiques. Isolés, les militants d'Alternative Libérale ne le sont pas. Plus d'une centaine de députés UMP, autour d'Hervé Mariton et d'Hervé Novelli ne sont pas loin de partager leurs thèses. Même au Parti Socialiste, quelqu'un comme Jean-Marie Bockel partage un grand nombre de leurs idées.
Dans le domaine médiatique, l'ultra-libéralisme du Figaro, du Point et de Valeurs Actuelles n'est plus à prouver, mais même au Monde, on trouve des chroniqueurs, comme Eric Le Boucher, qui partagent la plupart des analyses d'Alternative Libérale.
Contre le libéralisme, les organisations du mouvement social doivent s'engager dans le combat pour la reconquête d'une hégémonie culturelle que mènent des associations comme Attac et la Fondation Copernic, des publications comme Le Monde Diplomatique ou le Plan B, des sites internet comme Acrimed.