Jamais autant d’argent n’avait été dépensé pour les recrutements des joueurs. Les clubs de football européens semblent être dans une bulle qui ne connaitrait pas la crise. Cette situation suscite beaucoup de questions sur l’avenir du football professionnel : Comment est-ce possible et jusqu’à quand la « bulle foot » va-t-elle tenir ?
Dans tous les pays européens, en Italie, en Espagne, en Angleterre ou en Allemagne, les sommes engagées par les principaux clubs sont exorbitantes, à l’instar du Réal de Madrid qui a recruté coup sur coup le joueur brésilien Kaka pour 65 millions d’euros, et le portugais Cristiano Ronaldo pour plus de 93 millions d’euros.
Même si les sommes sont moins importantes, le championnat Français de ligue 1 n’est pas épargné par cette spirale infernale de la surenchère au nom de la sacro-sainte compétitivité. Selon la presse, l’Olympique Lyonnais aurait dépensé environ 72 millions d’euros, l’Olympique de Marseille 40,5 millions d’euros et les Girondins de Bordeaux 28,6 millions d’euros.
Les montants engagés pour les transferts de joueurs de football sont choquants, parfois indécents, alors que nous sommes en pleine période de crise économique avec beaucoup de souffrance sociale.
Nous ne pouvons pas accepter que le football professionnel soit abandonné à la loi du marché européen des transferts, une bulle spéculative en dehors du monde, une spirale enclenchée par des hommes d’affaire mégalomanes, traitant le sportif comme une marchandise qui répond aux lois de l’offre et de la demande. Les principaux bénéficiaires de ces transferts, ne sont pas forcément les sportifs, ni les instances sportives ni le développement du sport lui-même, mais des hommes d’affaire peu scrupuleux se moquant des déficits créés dans les clubs.
D’autre part, nous restons très interrogatifs sur l’origine de ces sommes mirobolantes alors que tous les économistes du sport prévoient une baisse des revenus de publicité, du sponsoring direct et de la billetterie. Certains clubs européens ont déjà annoncé qu’ils n’étaient pas en si bonne santé financière et qu’il a fallu à plusieurs reprises effacer les dettes. Selon une étude d’Ernest et Young publié cette semaine, 56 % des présidents des clubs allemands de première et deuxième division s’attendent à une dégradation financière et des pertes conséquentes en 2009. Des doutes d’autant plus importants au moment où le Groupe d’Action Financière (GAFI) de l’OCDE publie début juillet un rapport sur le blanchiment d’argent dans le football. Les auteurs du rapport révèlent plus de 20 affaires de blanchiment d’argent liées au football. Ils dénoncent « le mercato » comme un des instruments privilégiés par les malfaiteurs, ainsi qu’une bonne partie des transferts qui transitent par des paradis fiscaux où le secret bancaire et l’absence de taxe permettent les maquillages financiers.
Nous pensons qu’il est urgent de remettre les clubs de football dans la réalité économique. Nous demandons qu’il y ait une décision prise pour la mise en place d’une direction de contrôle financier des clubs européens. Plutôt que de suivre cette course folle et débridée du « Mercato », les clubs français, les instances fédérales et le gouvernement devraient se battre ensemble pour la création d’une DNCG européenne qui assurerait une transparence des financements et garantirait une réelle compétitivité des clubs français en Europe. Nous attendons beaucoup des propositions de l’UEFA pour mettre en place cette instance qui définirait des règles fiscales permettant un contrôle financier homogène sur la gestion des clubs. Une instance qui doit inciter les fédérations à mettre en place des limites aux montants des salaires, des transferts, et des droits TV.