Une victoire importante pour la gauche américaine

En 1959, le congrès de Bad Godesberg du SPD, le Parti Social-Démocrate allemand, a vu la principale formation de gauche abandonner toute référence au marxisme et accepter l'économie de marché. Aujourd'hui, le SPD, abandonné par les syndicalistes et les altermondialistes qui ont rejoint le Linkspartei, est bel et bien devenu un parti centriste.
En France, le tournant date de 1983. En décrétant la "pause", le Parti Socialiste s'est engouffré dans une brèche qui l'a conduit à mettre en oeuvre, entre 1997 et 2002, plus de privatisations que les gouvernements Balladur et Juppé réunis. Tandis que Lionel Jospin expliquait aux ouvriers de Renault Vilvorde que "L'Etat ne peut pas tout", Dominique Strauss-Kahn et Laurent Fabius allégeaient considérablement la fiscalité des stocks-options. On a les priorités politiques que l'on peut...
Mais c'est aux Etats-Unis que la gauche, en l'occurence, le Parti Démocrate s'est le plus engagée dans la voie du "big business". Sous l'influence des dirigeants du DLC, le Democratic Leadership Council, le Parti Démocrate américain a viré franchement à droite. Pendant ses huit ans de mandat, Bill Clinton a bombardé l'Irak et le Kosovo tout en réduisant considérablement les aides sociales et en diminuant les impôts des plus riches.
Rien d'étonnant à ce qu'en 2003, la majorité du Parti Démocrate américain se soit rangée sous la bannière de George Bush pour aller envahir l'Irak.
C'est la raison pour laquelle la victoire dans les primaires démocrates du Connecticut de Ned Lamont face à Joe Lieberman, le très belliciste co-listier d'Al Gore lors des élections présidentielles de 2000 est plutôt une bonne nouvelle.
Et si cette victoire signait le début de la fin du virage à droite des gauches d'Europe et d'Amérique du Nord ?