Bové, une candidature de division

Soyons clairs : José Bové est un militant antilibéral et écologiste, un altermondialiste courageux et sincère qui a payé de sa personne. Ses actions de désobéissance civile contre les OGM sont justes et nous les avons soutenues.
José Bové est un camarade et nous sommes bien dans le même camp pour peu que l'on considère que par delà les divisions, la gauche de la gauche forme bien un espace politique propre.
Il y a si peu de divergences programmatiques entre José Bové et Marie-George Buffet que tous les deux ont le même programme, élaboré par les comités unitaires antilibéraux.
Nos divergences ne sont pas programmatiques, elles sont politiques et elles comptent quand même : José Bové et ses amis veulent créer une nouvelle force politique, entre le PS et le PCF, sur le modèle du PSU des années 70 (dont les Alternatifs sont les lointains héritiers).
Un certain nombre de militants altermondialistes sont déçus par les partis politiques et auraient voulu que le PCF disparaisse et se fonde dans cette nouvelle formation.
Toute la question est donc de savoir si une éventuelle formation de type PSU dans laquelle nous nous serions inscrits aurait pu rassembler plus de militants que le PCF, être plus efficace dans les luttes et porter un programme plus révolutionnaire permettant de toucher plus largement les classes populaires.
Si cela avait été le cas, il aurait fallu y réfléchir et peser le pour et le contre, sans parti pris.
Oui, mais voilà, tout ce qui s'est passé dans les collectifs montre bien que la dynamique espérée par certains n'a pas eu lieu et n'aura pas lieu. Sauf exception, les collectifs ne se sont pas battus contre le CPE et on n'a pas entendu José Bové sur cette question ; sauf exception, les collectifs n'ont réalisé aucun travail en direction des entreprises. Les collectifs sont restés des cercles de réflexion et de discussion électoraliste sociologiquement homogènes : on y trouve essentiellement des professeurs et des étudiants et ils ont été surtout actifs dans les grandes villes universitaires.
Dans le même temps, le PCF s'est renforcé. Partout où nous menons un travail de terrain sérieux, nous gagnons des adhérents et personne ne vient nous reprocher d'utiliser notre nom et nos couleurs.
José Bové prétend aujourd'hui incarner les collectifs. Outre que cette prétention est mensongère (la majorité des collectifs ont voté pour Marie-George Buffet !), José Bové est revenu dans le jeu à la suite d'une pétition douteuse qui a recueilli 30 000 signatures qui lui ont permis d'être désigné candidat par acclamation. On est en plein dans une démarche plébiscitaire.
Les sondages, même si on sait le peu de crédit qu'il faut leur accorder, montrent qu'avec 2 à 3 % d'intentions de vote, José Bové ne crée aucune dynamique. Sa candidature ne peut donc qu'affaiblir celle d'Olivier Besancenot (qui manque de parrainages) et surtout celle de Marie-George Buffet taxée contre toute évidence d'avoir divisé la gauche antilibérale alors que sa campagne rassemble des citoyens de tous horizons, des jeunes et des syndicalistes qu'on a pu voir au Zénith, le 23 janvier dernier.
Pour toutes ces raisons, et même si on respecte José Bové, sa candidature serait une candidature de trop et une candidature de division et on espère que José Bové et ses amis le comprendront.