Un an après les 1 400 morts (dont une majorité de civils) sous les bombes israéliennes à Gaza, nul ne peut faire comme si rien ne s’était passé, comme si on pouvait tranquillement continuer comme avant... Surtout après qu’un rapport officiel de l’ONU – sans épargner les tirs du Hamas – qualifie ces bombardements de crimes de guerre, voire de crimes contre l’humanité.
L’Union européenne s’est contentée trop longtemps de suivre Washington pas pas et d’approuver un envoyé spécial du Quartet, Tony Blair, qui n’a strictement rien fait. L’UE semble aujourd’hui avoir saisi la nouveauté de la situation. Elle a en effet adopté le 8 décembre dernier une déclaration dans laquelle les pays membres rappellent plusieurs exigences : édification d’un État palestinien indépendant à côté de l’État d’Israël ; arrêt des “implantations” ; non reconnaissance de l’annexion de Jérusalem-Est ; solution dans les frontières de 1967... Le ton est un peu plus ferme.
Certes, il faut s’interroger. Pourquoi l’Union européenne ne propose-t-elle pas une initiative autonome et continue de s’en remettre à l’action des États-Unis ? Pourquoi le mot colonie n’apparaît jamais dans ce texte ? Pourquoi, un an après Gaza, il n’est pas demandé clairement la levée du blocus qui étrangle littéralement cette partie de la Palestine ? Pourquoi il n’est pas question du rapport Goldstone ? Pourquoi il n’y a pas un mot sur les prisonniers ?
Autant de questions pertinentes... Mais est-ce vraiment l’essentiel aujourd’hui ? Nul ne peut s’étonner que la France et ses partenaires européens, non seulement laissent faire Washington à sa guise, mais choisissent d’arrondir les angles pour ne pas fâcher leur allié privilégié israélien... quels que soient les événements...
Sauf qu’il ne s’agit plus simplement “d’événements”. Une question décisive est aujourd’hui posée. Une page est tournée. La mort du processus d’Oslo est actée. Il n’y a plus de négociation. Les faits accomplis de la colonisation mettent en question les conditions et la possibilité d’un État palestinien souverain et viable. La brutalité de l’occupation militaire et l’absence de perspective politique ont créé une division très préjudiciable au peuple palestinien...
La situation est d’une gravité exceptionnelle. Il ne suffit pas d’appeler pour la enième fois à la négociation, même sur un ton un peu plus appuyé ! Il ne suffit pas de renvoyer une solution véritable à un futur et hypothétique « statut final » dont on parle toujours sans jamais l’entrevoir. La question posée est : comment sort-on de cette impasse ? Comment peut-on dégager un nouveau chemin, un nouveau cadre international une Conférence ?) pour un vrai règlement politique, conforme aux résolutions de l’ONU et un droit international ? Quelle responsabilité collective pour ce qu’on appelle “la Communauté internationale” ? Comment contraindre réellement les autorités israéliennes s’engager dans une telle voie ?
Ce sont ces questions qu’il faut poser et auxquelles la France et l’UE devraient apporter des réponses. Les communistes et bien d’autres progressistes ont décidé de poursuivre et d’amplifier l’action pour l’édification d’un état palestinien (dans les conditions que l’on connaît), pour le démantèlement du mur et la libération des prisonniers, pour un règlement politique dans la justice et une sécurité partagée. Dans cet esprit, une campagne unitaire pour l’application de sanctions a été ancée en France et sur le plan international. Une campagne tournée contre la colonisation puisqu’il s’agit là du problème essentiel.
Le PCF s’y engage comme il s’engage dans le soutien à la marche internationale contre le blocus de Gaza, la Gaza Freedom March du 1er janvier 2010. N’oublions pas : après Gaza, la situation est plus grave, mais la sensibilisation et le jugement critique de l’opinion publique sont plus forts. Il faut transformer l’indignation en raison d’action et de rassemblement.
Responsable des Relations Internationales du PCF