Au troisième trimestre de cette année, le PIB a, pour la première fois depuis décembre 2007, progressé de 3,5 %. Ce rebond confirme le début de reprise dans plusieurs pays capitalistes. Il ne permet cependant pas de penser que cela va se poursuivre durablement.
Un premier enseignement peut être tiré de ces signes de reprise : ils ne sont pas le fruit d’une autorégulation du marché, celui-ci n’a pas trouvé en lui-même la force pour se redresser, ils sont la conséquence d’interventions publiques sans précédent, 787 milliards de dollars pour les seuls États-Unis ! En même temps, la plupart des économistes insistent sur la fragilité du phénomène. D’abord, parce que certains pays sont toujours au fond du trou. Ensuite, parce que, comme le notent les analystes de BNP Paribas à propos de la reprise américaine, cette amélioration est « en partie du fait de facteurs temporaires ».
Aux États-Unis, les abattements fiscaux ont permis de relancer les ventes de logements et la prime à la casse celle des voitures. En septembre, suite de la suppression de cette dernière, le marché automobile a de nouveau chuté. En Allemagne et en France, on peut constater également que le phénomène de reprise est impulsé principalement par différentes mesures budgétaires et fiscales. Enfin, dernière raison qui justifie que l’on jette un œil critique sur cette reprise : certains indicateurs montrent qu’il ne s’agit pas d’un mouvement vraiment franc du collier. Aux États-Unis, la consommation des ménages a baissé en septembre ; dans la zone euro, on enregistre pour le cinquième mois d’affilée un recul des prix en octobre, les ventes de détail en Allemagne sont toujours à la baisse en septembre. Un peu partout la hausse du chômage se poursuit.
Comment expliquer une telle incertitude ? Il y a plusieurs raisons et la nature des interventions publiques est l’une des plus importantes. Le soutien massif a été donné sans exigences en matière d’emploi et de formation et le plus souvent avec le seul souci de redresser la rentabilité des capitaux. Ainsi, les aides aux banques leur ont servi pour partie à relancer la spéculation et à regonfler leurs marges. Cela explique que les débuts de reprise aient été précédés par un regain de croissance des marchés financiers et de la spéculation. Contrairement à ce qu’affirment certains, on ne repart pas comme avant la crise, on refait en pire. Parce que, après le pourrissement des dettes privées, on risque d’assister à un pourrissement de l’endettement public.
Si la croissance n’est pas au bout du bout de ce soutien massif apporté aux capitaux, les dettes publiques accumulées vont ressembler à des bombes incendiaires.