Il y a des signes qui ne trompent pas… François Bayrou, qui est loin d’être révolutionnaire et de partager l’analyse de Bourdieu sur la télévision, s’en est pris, avec beaucoup de justesse, aux grands groupes de presse capitalistes comme Bouygues, Lagardère et Dassault, qui vivent des commandes de l’Etat et voudraient nous imposer un second tour sans enjeu entre Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy.
Assurément, un tel duel enchanterait les capitalistes. Pour s’en convaincre, il suffit de lire dans Le Monde les articles (hilarants) consacrés à la réunion du groupusculaire « cercle des économistes », un conclave réunissant économistes libéraux et économistes sociaux-libéraux décidés à circonscrire le débat économique à l’intérieur de limites acceptables pour les capitalistes. En clair, il n’y aurait pas d’alternative au capitalisme néolibéral, mais qu’on se rassure, les Français pourront choisir entre l’adaptation rapide et l’adaptation très rapide au néolibéralisme.
Armés du même logiciel intellectuel libéral et d’un programme quasi-identique, Royal et Sarkozy ne se démarquent que sur le terrain des valeurs où c’est à qui ira le plus loin dans le retour à l’ordre moral.
Malgré le matraquage télévisuel et les unes des hebdos, nos concitoyens sentent bien que le choix qu’on leur propose n’en est pas un.
C’est bien pourquoi la gauche de la gauche et le Parti Communiste ont une chance historique de faire bouger les lignes et peuvent créer la surprise en 2007. Encore faudrait-il pour cela disposer d’un discours clair et fédérateur et avancer des propositions fortes : en matière de pouvoir d’achat où il faut augmenter les salaires et les pensions, en matière de lutte contre les licenciements et les délocalisations où il faut évidemment interdire les licenciements boursiers et permettre aux salariés de faire des contre-propositions en cas de plan social, en matière de sécurité d’emploi et de formation, en matière de services publics où il faut renationaliser EDF et GDF, sanctuariser l’Education Nationale en augmentant le nombre de postes aux concours, en titularisant les précaires, en dédoublant les classes pour permettre à tous les enfants de réussir leur scolarité…
A la gauche de la gauche, on a parfois le sentiment que certains cèdent à la politique-spectacle et oublient justement de parler du programme. Clémentine Autain, Patrick Braouezec, José Bové… la multiplication des candidatures à l’investiture par les comités d’union populaire sur la base de la charte antilibérale adoptée à Saint-Denis rappellerait presque les débats du Parti Socialiste, c’est dire…
Nos concitoyens n’attendent pas du Parti Communiste et de la gauche de gauche on ne sait quelle refondation antilibérale avec une poignée de militants associatifs amoureux des caméras et qui rejettent la « forme-parti ».
Tout au contraire, ils veulent s’engager dans des partis qui répondent à leurs préoccupations, qui ne les traitent pas en consommateurs : à cet égard, un Parti Communiste fier de ses valeurs, résolument anticapitaliste, peut être une arme formidable contre le défaitisme et la politique-spectacle, pour imposer d’autres choix politiques. C’est bien pour cette raison que Marie-George Buffet doit se présenter à l’élection présidentielle et défendre avec force les idées communistes. Oui, décidément, le communisme est l’antidote à la politique-spectacle et à la désespérance !
Politique-spectacle