| ON EN PARLE |
Le vase de l'enseignement a débordé il y a longtemps, la faute à la suppression de postes, à la fermeture de classes... L'annonce de la mise en place d'une 19e heure de cours, non rémunérée celle-là, n'est pas passée inaperçue pour autant. Hier, des profs ont manifesté à Henin-Beaumont, un fait rare, avant de filer à Lille, où le défilé régional était organisé. Un rassemblement a aussi été proposé devant le lycée professionnel Pasteur. Au lycée Darchicourt, plus de 78 % des professeurs étaient en grève. « Et 100 % des profs de science et vie de la terre et de physique », précise l'un d'eux. L'heure (voiredeux heures) de bénévolat, décidée par la rectrice de l'académie de Lille vise leurs disciplines. Et forcément, les différences de traitements, tant entre les matières que géographiques, ça énerve. « Elle compte récupérer l'équivalent de 117 postes grâce à cette mesure », commente Karine Boulonne, professeur et déléguée SNES-FSU.
Hier, journée nationale de manifestation intersyndicale, ils étaient soutenus par des collègues de tous les niveaux, des surveillants, des documentalistes et quelques élus. Le fait que « les suppressions aient des conséquences sur ceux qui restent en poste », et les effectifs en hausse dans les classes expliquent cette solidarité. « J'essaye de croire que l'union peut faire changer les choses », déclare Jeanne Czuchnowski, professeur au lycée Pasteur. Afin de rallier un maximum de passants à sa cause, elle a distribué des tracts aux automobilistes et routiers, qui ont emprunté le rond-point aux vaches en fin de matinée.
Les parents d'élèves étaient déjà à ses côtés. « Le combat des professeurs est légitime », lâche Bernard Dubois.
Le délégué FCPE de Jean-Macé a, notamment, dans sa ligne de mire la suppression des postes d'assistantes de vie scolaire et la diminution des moyens des collectivités avec ses effets directs sur les caisses des fonds sociaux.
« Surenchère »
Justine Kasperczyk, élève en 1ére ES, et ses copines n'ont pas manifesté. Mais elles soutiennent le mouvement de grogne. « Dans certaines classes il y a 35 élèves. Je suis timide, je ne participais déjà pas beaucoup avant, mais alors maintenant... », résume l'adolescente. « Les profs n'ont pas toujours le temps de nous expliquer les choses en cas de difficultés », ajoute Élodie Gyde.
Face à la dégradation régulière de la situation, les enseignants espèrent que la mobilisation, avant le vote du budget au mois d'octobre ou de novembre, permettra d'inverser la tendance. « Et puis il y a la présidentielle », rappelle Karine Boulonne, avant d'avouer que pour l'instant ni le programme de la droite, ni celui de la gauche ne l'ont séduit. Professeur au collège de Leforest et secrétaire de la section du Parti communiste d'Hénin-Beaumont, David Noël a « l'impression que les candidats font de la surenchère en matière de politique d'austérité ».
CATHY GERIG
Le cortège est parti du lycée Darchicourt en direction du rond-point aux vaches.
Source : La Voix du Nord
Mercredi 28 septembre 2011