Pour y répondre, retour aujourd'hui sur les coulisses de la campagne 2008.
I. Des législatives de juin à l'alliance du Club des Cinq :
C'est au lendemain des élections législatives de juin et du score de 44,5 % obtenu par Marine Le Pen le 17 juin sur les bureaux d'Hénin-Beaumont que le PCF a acquis la conviction que Gérard Dalongeville ne pouvait pas rassembler la gauche pour battre le Front National et qu'il fallait construire une alternative à gauche car ce n'était pas seulement Albert Facon qui était sanctionné, c'était surtout Gérard Dalongeville et sa politique, en particulier sur des secteurs comme le Bord des Eaux ou Beaumont où le Front National avait réalisé ses meilleurs scores.
Depuis plusieurs mois, notre section avait coupé les ponts avec ses deux adjoints. Si Marie-Serge Opigez, devenue une opposante déterminée à Gérard Dalongeville, avait démissionné de son mandat de conseillère municipale depuis déjà plus de deux ans, Jean-Bernard Deshayes et Guy Creuze pouvaient se revendiquer du Parti Communiste. Jean-Bernard Deshayes, qui m'avait adressé une lettre de démission de la section en mars 2006 parce qu'il n'approuvait pas nos critiques envers Gérard Dalongeville avait redemandé son adhésion et envoyé un chèque. Guy Creuze, qui continuait de venir aux comités de section s'y faisait le défenseur de Gérard Dalongeville et cherchait à nous séparer Marie-Serge Opigez et moi.
Pour moi, le PCF était clairement contre Gérard Dalongeville et il n'était pas question d'accepter plus longtemps des comportements participationnistes.
Dès le mois de juillet 2007, j'ai renvoyé à Jean-Bernard Deshayes son chèque d'adhésion en lui indiquant que le PCF n'acceptait pas les adhésions d'élus décidés à être candidats sur la liste d'un de nos adversaires. Jean-Bernard Deshayes ne m'a jamais répondu... J'ai également demandé à Guy Creuze de démissionner de son mandat d'adjoint pour ne plus cautionner Gérard Dalongeville, avec le même insuccès, une démarche suivie le 18 juillet de son exclusion du comité de section.
Parallèlement à cette clarification, j'ai co-signé avec Jean-Claude Danglot un courrier adressé à Serge Janquin exigeant de la Fédération du Pas-de-Calais du PS que eux aussi clarifient leur position, et réaffirmant par la même occasion notre opposition à une alliance derrière Gérard Dalongeville.
Dans la foulée, j'ai écrit à Jean-Marc Bureau et rencontré les Verts, j'ai également entamé des discussions avec le MJS, le PRG et le MRC. Par contre, les négociations ont très vite tourné court avec Daniel Duquenne. Le secrétaire de section PS m'a reçu en septembre 2007 en compagnie de Jean-Marc Bureau. Le PCF et les Verts sont les alliés traditionnels du PS et je m'attendais à une proposition d'alliance. A ma grande surprise, Daniel Duquenne m'a annoncé que l'Alliance Républicaine venait de sceller un accord avec l'UMP. Cette annonce ne signifiait rien d'autre que le refus de Daniel Duquenne de prendre part à un rassemblement de la gauche que nous aurions pu construire avec lui et c'est comme cela que nos camarades des Verts l'ont aussi compris.
Quelques jours plus tard, dans une lettre ouverte aux électeurs de gauche, le PCF d'Hénin-Beaumont dénonçait les méthodes de Gérard Dalongeville et appelait à l'union de la gauche contre Gérard Dalongeville et contre le Front National.
Après l'échec du parachutage de Razzye Hammadi, nous avons constitué avec nos partenaires du MJS, du MRC, du PRG et des Verts ce que Pascal Wallart a vite surnommé le "Club des Cinq". Le local de la rue Victor Mathé est devenu notre QG, où nous nous réunissions plusieurs fois par semaine pour travailler sur notre programme municipal. J'ai appris à connaître et à apprécier Pierre Ferrari, Eric Mouton et Jean-Pierre Policante.
Jean-Pierre était à l'époque encore conseiller municipal délégué. Eric, lui, avait été adjoint jusqu'en 2004 avant de claquer la porte. Eric et Jean-Pierre avaient pu voir à quel point Gérard Dalongeville était menteur et manipulateur. En quelques semaines, j'ai beaucoup appris.
II. De l'entrée en scène de Marie-Noëlle Lienemann à la fin du Club des Cinq :
Le "Club des Cinq" ne s'était jamais réellement posé la question de la tête de liste et nous espérions le parachutage d'une grosse pointure du PS avec qui nous réaliserions l'union de la gauche sans Gérard Dalongeville. L'annonce de la venue de Marie-Noëlle Lienemann a été un soulagement. Ancienne proche de Pierre Darchicourt, Marie-Noëlle connaissait le terrain héninois, elle avait de bons rapports avec Daniel Duquenne, elle se positionnait à l'aile gauche du PS.
En novembre, une délégation du PCF a rencontré Marie-Noëlle Lienemann à notre local. Marie-Noëlle était accompagnée de Pierre Ferrari et nous lui avons proposé de mener une liste d'union de la gauche sans Gérard Dalongeville.
Parallèlement, nous avons rencontré à notre local les militants de la LCR en leur proposant de rejoindre cette liste de rassemblement de la gauche contre le FN que nous étions en train de construire. J'avais invité Pierre Ferrari à cette réunion qui a débouché sur le constat d'un désaccord : les camarades de la LCR étaient convaincus que le meilleur moyen de battre le FN était de défendre un programme révolutionnaire et anticapitaliste sur une liste indépendante du PS. Pour ma part, je ne voyais pas d'opposition entre l'affirmation d'un programme anticapitaliste et la participation à une liste d'union de la gauche de type "front populaire" contre l'extrême droite.
Nous divergions également sur l'appréciation de la nature du PS. Pour les camarades de la LCR, le PS est un parti bourgeois et social-libéral et la gauche anticapitaliste n'avait pas à se mêler des querelles internes qui opposaient Gérard Dalongeville, Marie-Noëlle Lienemann et Daniel Duquenne en favorisant l'une ou l'autre des tendances socialistes.
Pour ma part, je voyais en Marie-Noëlle Lienemann et en Pierre Ferrari de véritables socialistes et des militants attachés à l'unité de la gauche qui de surcroît défendaient des idées antilibérales et il n'était donc pas question pour moi de nous orienter vers une liste PCF-LCR-Verts rejetant par avance le PS.
Le 15 décembre, un samedi après-midi, je me suis rendu au Colisée à l'invitation d'Alain Pruvot, président de la section d'Hénin-Carvin de la LDH, à une table ronde en compagnie de Gérard Estragon, membre du Comité Central de la Ligue des Droits de l'Homme. Gérard Dalongeville, Marie-Noëlle Lienemann, Pierre Ferrari, Alain Alpern et Georges Bouquillon étaient présents, ainsi qu'Albert Lebleu, de Choeurs de fondeurs.
Alain Pruvot n'espérait pas nous amener à constituer une seule liste de front républicain contre l'extrême droite mais insistait pour que la campagne soit une campagne propre et qu'il n'y ait pas de triangulaire au second tour. Tout le monde en a convenu.
Militant de la LDH depuis le mois de mai 2002 - j'ai adhéré à la Ligue des Droits de l'Homme après le traumatisme du 21 avril - j'étais quand même assez mal à l'aise de voir la LDH jouer involontairement le jeu de Gérard Dalongeville en prônant l'union la plus large autour du maire sortant. Avec ce que l'on m'avait dit sur lui, Gérard Dalongeville était bien le dernier à pouvoir mener une liste d'union de la gauche. Je ne souhaitais pas faire du cas de Gérard Dalongeville un casus belli, mais la perspective d'une alliance avec Gérard Dalongeville me déplaisait fortement.
Jusqu'en janvier, j'ai tout fait pour que Gérard Dalongeville ne soit pas investi comme tête de liste par le PS et que ce soit Marie-Noëlle Lienemann qui mène une liste d'union de la gauche. Ce faisant, j'ai peut-être commis une erreur. En adoptant une stratégie de pression médiatique dans l'espoir que Dalongeville ferait l'erreur de faire sa propre liste, j'ai abattu mes cartes trop tôt et Gérard Dalongeville a compris que nous espérions le phagocyter sur sa propre liste en cas d'union avec lui.
C'est que, si nous nous étions préparés au scénario dans lequel un Gérard Dalongeville incontournable nous aurait été imposé comme tête de liste par la fédération PS du Pas-de-Calais, nous avions bien l'intention de mettre Gérard Dalongeville en minorité sur sa liste dès le premier tour en constituant une liste équilibrée.
Pour cette raison, Marie-Noëlle Lienemann aurait préféré l'union dès le premier tour avec l'Alliance Républicaine. L'idée était d'être rassembleurs pour deux - quitte à se montrer faussement naïfs - et présenter à Gérard Dalongeville une liste d'union composée aux 2/3 de ses adversaires. Si Gérard Dalongeville avait accepté, il aurait été minoritaire sur sa liste et les choses auraient été différentes. S'il avait refusé - ce qui pour moi ne faisait aucun doute - Gérard Dalongeville aurait porté aux yeux du PS et aux yeux de la population, ce qui était le plus important, la responsabilité pleine et entière d'avoir refusé l'union puisque nous, nous proposions le rassemblement. L'Alliance Républicaine a refusé ce scénario d'alliance avec nous au premier tour.
Déçus, nous gardions toutefois l'espoir d'écarter Gérard Dalongeville à la faveur d'une alliance avec l'AR que nous pensions indispensable pour battre le FN au second tour. En clair, entre les deux tours, si les conditions posées par l'AR à la fédération PS pour une fusion de liste avaient été le départ de Gérard Dalongeville, Marie-Noëlle Lienemann aurait été la première à plaider en ce sens auprès de sa fédération, appuyée par ma fédération.
C'est ce que nous avons expliqué aux amis de l'Alliance Républicaine lors d'une rencontre à leur local le 28 décembre 2007.
Malheureusement, au mois de janvier dès que sont tombés les résultats du sondage qu'elle avait commandité, la fédération PS du Pas-de-Calais nous a imposé la présence de Gérard Dalongeville et des siens sur la liste de rassemblement de la gauche et a cédé à la plupart des exigences de Gérard Dalongeville.
Dès ce moment, l'Alliance Républicaine nous a traités en ennemis, refusant de distinguer les partis de gauche et les dalongevilliens. Il faut dire que l'Alliance Républicaine était, comme nous le découvrirons par la suite, alors manipulée par le Front National en la personne de Bruno Bilde dont l'objectif était de pousser l'AR à une triangulaire que le FN espérait gagner.
Le 19 janvier 2008, alors que nous avions prévu une conférence de presse annonçant notre accord d'union sur les bases promises par Marie-Noëlle Lienemann (une liste composée d'un tiers de dalongevilliens, d'un tiers de socialistes de conviction choisis en dehors des proches de Dalongeville et d'un tiers de représentants des autres partis de gauche), Gérard Dalongeville refusait encore tout accord, menaçant la fédération PS 62 de faire sa propre liste. Par contre, Jean-Marie Alexandre était présent, accompagné de Richard Gonzalès et de son épouse, représentant le MRC dalongevillien. Le remplacement de Jean-Pierre Policante par Richard Gonzalès était une manoeuvre imaginée par Dalongeville et Alexandre pour nous affaiblir. Eric Mouton, Pierre Ferrari et moi étions furieux. Il était hors de question d'accepter l'absence de Jean-Pierre Policante, qui payait son communiqué du mois de septembre dénonçant l'effraction du local du MJS, mais que faire contre Jean-Marie Alexandre ? Jean-Pierre acceptait de laisser la place à son épouse. Malgré tout, il y avait de quoi avoir la rage. Que faisions-nous attablés aux côtés de la femme de Richard Gonzalès ? Annoncer une alliance avec un "allié" qui avait choisi de boycotter cette conférence de presse pour nous humilier, c'était du jamais vu. Pascal Wallart, qui est un observateur plutôt attentif a tout de suite remarqué mon trouble.
Après une semaine d'âpres négociations, Marie-Noëlle Lienemann, dépitée, nous a reçus à son appartement le 25 janvier pour nous annoncer qu'elle n'avait pas pu négocier mieux qu'un poste d'adjoint aux relations internationales pour Pierre Ferrari, un poste d'adjoint à l'emploi et à la formation pour moi, un poste d'adjointe à l'environnement pour Régine Calzia et un poste d'adjoint à la politique de la ville pour Eric Mouton. Les noms d'Annick Genty et de Jean-Pierre Policante avaient été barrés par Dalongeville et aucun d'entre nous ne pouvait être conseiller communautaire. Pas besoin d'être grand clerc pour voir que nous étions minoritaires sur la liste de Dalongeville.
Les dirigeants de la fédération PS du Pas-de-Calais qui avaient désigné Marie-Noëlle Lienemann comme "première des socialistes" avaient accédé à toutes les demandes de Gérard Dalongeville. Dès lors, le PRG et les Verts ont rompu toute négociation avec le PS et nous avons provisoirement suspendu l'accord d'union de la gauche scellé avec Marie-Noëlle Lienemann, une décision annoncée lors d'une conférence de presse un samedi après-midi au local de la rue Victor Mathé.
A la fin du weekend, après avoir obtenu via Marie-Noëlle Lienemann, Jean-Claude Danglot et Serge Janquin la garantie d'être représenté à la CAHC et d'avoir une délégation plus visible, nous avons finalement accepté de figurer sur la liste d'union, convaincus que c'était la seule manière de battre le FN de manière certaine. J'ai regretté que mes amis des Verts et du PRG ne reviennent pas sur leur position. Puisqu'il n'y avait pas d'autre solution, mieux valait encore être cinq ou six adjoints sûrs à former une minorité critique dans la majorité que trois ou quatre.
C'est ce que j'ai dit à Régine Calzia, qui m'a appelé le lundi pour me proposer soit une alliance Verts-PCF-LCR, soit une alliance Verts-PCF-PRG, soit d'aller frapper avec elle à la porte de l'Alliance Républicaine. A moins de deux mois des élections, il était désormais trop tard pour un renversement d'alliances qui aurait ruiné notre crédibilité et aurait été été un coup de poignard dans le dos de Marie-Noëlle et Pierre, qui se seraient retrouvés seuls et impuissants face à Dalongeville.
C'est contraints et forcés que nous acceptions l'alliance avec Gérard Dalongeville. Face à l'extrême droite, la discipline républicaine, le principe d'union derrière la liste de gauche la mieux placée ne se discute pas. Rejeter la discipline républicaine, c'était cracher sur toute l'histoire de la gauche en France. Le Bloc des Gauches, le Front Populaire... la gauche a toujours su s'unir contre l'extrême droite. Comme professeur d'histoire, je me sentais écrasé par la responsabilité de ne pas faire n'importe quoi.
Mais Gérard Dalongeville, quand même... Si nous en étions là, c'était uniquement de la faute de la fédération socialiste du Pas-de-Calais.
III. La campagne de tous les coups bas :
Nous n'étions cependant pas au bout de nos peines : nous avons appris quelques jours plus tard, alors que nous achevions la rédaction de notre programme avec Marie-Noëlle Lienemann, que Gérard Dalongeville et les siens avaient rédigé sans nous leur propre programme dans lequel ils promettaient la vidéosurveillance et la "poursuite de la baisse des impôts" qu'ils avaient augmenté de 85 % en 2004 !
C'était un coup bas évidemment dû au duo infernal Dalongeville-Chruszez, mais nous étions prêts à riposter et les militants MJS et PCF se sont chargés de la distribution de notre propre programme, ce qui a fourni à Gérard Dalongeville un nouveau prétexte pour écarter les alliés indésirables que nous étions. Cette fois, Gérard Dalongeville réclamait la tête de Pierre Ferrari, coupable d'avoir écrit que le MJS se battait pour le "renouveau" de la vie municipale. Au cours d'une réunion d'urgence un samedi après-midi, Jean-Pierre Chruszez nous a expliqué qu'il considérait le mot "renouveau" comme une attaque contre Gérard Dalongeville. J'ai failli claquer la porte de cette réunion ubuesque en disant à Jean-Pierre Chruszez et Olivier Vergnaud qu'il y en avait "marre de leurs conneries". Marie-Noëlle Lienemann est restée ferme, déclarant à MM. Chruszez et Vergnaud que si Gérard Dalongeville ne respectait pas les accords, il n'avait qu'à faire sa propre liste, mais que nous ne céderions pas et que sa fédération la soutiendrait. Gérard Dalongeville n'a pas insisté.
C'est le 20 février - moins de trois semaines avant le premier tour - que nous nous sommes rendus dans le bureau du maire pour finaliser la liste de rassemblement. Quittant un peu plus tôt le comité de section, Sandy Soudé et moi nous sommes rendus en mairie vers 20h où nous avons retrouvé Marie-Noëlle Lienemann, Pierre Ferrari et Annick Genty qui patientaient dans la pénombre, sur les fauteuils situés au premier étage, près de l'escalier central. Nous avons attendu là un bon quart d'heure avant que Gérard Dalongeville daigne nous recevoir. Régulièrement, la lumière s'éteignait et nous nous retrouvions dans le noir.
Après un quart d'heure d'une attente humiliante, Dalongeville nous a enfin fait rentrer dans son bureau et nous a alors donné lecture de la liste.
Premier arrêt au nom de Philippe Demarquilly. Marie-Noëlle Lienemann explique à Dalongeville qu'on ne peut pas mettre Philippe Demarquilly sur la liste, qu'il est très impopulaire à Beaumont où les Beaumontois le soupçonnent de s'être enrichi personnellement en vendant ses terrains et en permettant qu'on défigure le village de Beaumont. Réaction outrée de Gérard Dalongeville : "C'est complètement faux ! Qui vous a raconté ça ?"
Vient le tour d'Audrey Aït Kheddache, une camarade du MJS placée en 32ème position. "Mais elle devait être 28ème !" s'emporte Marie-Noëlle. "Ah non, pas du tout, elle a toujours été 32ème !".
Gérard Dalongeville avait déjà en tête la probable élimination de plusieurs d'entre nous - à commencer par Pierre Ferrari qu'il voulait rendre inéligible en continuant de lui verser abusivement son salaire et en produisant de fausses attestations de "service fait", mais ça, c'est la CRC qui l'a découvert bien plus tard - et voulait s'assurer de mettre une de ses fidèles en 28ème position en cas de démission. Finalement, Audrey restera en 28ème position.
Le soir, j'avais Claudine et Jean-Pierre Policante au téléphone. Claudine, elle, avait été conviée à 19h en mairie, avec tous les fidèles dalongevilliens parce qu'elle devait sa présence sur la liste à Jean-Marie Alexandre, qui avait négocié pour le MRC. Seule au milieu des dalongevilliens hostiles, Claudine Policante avait eu le sentiment d'être prise au piège et de n'avoir rien à faire avec ces gens-là.
Claudine nous a raconté les petites phrases et la haine envers nous, qui étions en train d'attendre, en bas, au même moment... Décidément, cette campagne promettait...
Quelques jours plus tard, nous participions à la première réunion de campagne commune, pilotée par Jean-Pierre Chruszez : à l'ordre du jour, mise au point d'un tract avec les textes des soutiens politiques (Ségolène Royal, Serge Janquin, Jean-Marie Alexandre, Pierre Georget, Jean-Claude Danglot...) et préparation d'un tract de dernière minute.
Jean-Pierre Chruszez me demandait des textes de soutien de Jean-Claude Danglot et d'Yves Coquelle. Décidé à faire le service minimum, j'ai trouvé un prétexte quelconque pour éviter à mon camarade Yves Coquelle d'écrire un texte de soutien à un Gérard Dalongeville qu'il considérait comme une crapule et j'ai rédigé avec Jean-Claude Danglot un texte de soutien minimaliste sur le thème de la résistance et de la lutte antifasciste, mais en évitant soigneusement de nommer Gérard Dalongeville.
En ce qui concerne le tract de dernière minute, comme je l'ai déjà raconté, j'étais scandalisé que Jean-Pierre Chruszez nous propose une blague homophobe contre un élu du Front National et j'y ai mis mon veto. Aucun militant communiste n'a bien entendu participé à la diffusion de ce torchon et nous n'avons plus participé aux réunions de campagne avec ces gens avec qui n'avions rien en commun, hormis la volonté de battre le Front National.
C'est séparément que la campagne s'est poursuivie. Tandis que les élus dalongevilliens distribuaient des tracts plus démagogiques les uns que les autres promettant par exemple, croquis à l'appui, d'entamer les travaux du chemin de Jérusalem en septembre 2008 - le PCF s'est bien gardé de participer à cette fumisterie et j'ai décliné l'invitation à faire du porte-à-porte avec les dalongevilliens - Marie-Noëlle Lienemann et Pierre Ferrari distribuaient notre programme, n'hésitant pas à dire tout ce que nous pensions de Gérard Dalongeville, comme l'a noté la correspondante de Rue89. Gérard Dalongeville et les siens étaient furieux et nos rapports, déjà exécrables, se sont encore détériorés si c'était possible.
Vers cette époque, Pierre Ferrari et moi avons rencontré Georges Bouquillon au local du PCF, à Montigny-en-Gohelle. Venu avec un sac de sport rempli de classeurs et de dossiers, Georges Bouquillon nous en a lu quelques pièces destinées à nous prouver les malversations de Gérard Dalongeville. A l'en croire, il avait transmis un certain nombre de factures à la justice sans qu'il y ait de suite. L'affaire Marianne Communication, par exemple, avait été rapidement enterrée et Gérard Dalongeville avait remboursé l'argent détourné.
En résumé, Georges Bouquillon confirmait nos soupçons, mais il ne nous donnait pas de billes pouvant être utilisées politiquement dans un tract contre Gérard Dalongeville sans risquer de poursuites en diffamation et qui aurait pu conduire à la fois la fédération PS du Pas-de-Calais à lâcher Gérard Dalongeville et la justice à le mettre en examen. Des bribes de preuves éparses et concordantes jetant un voile de soupçon sur les pratiques de Gérard Dalongeville, mais rien qui ressemble à la certitude absolue que Gérard Dalongeville était coupable de détournements de fonds. Rageant...
A quelques jours du premier tour, notre méfiance était à son comble. Le 7 mars au soir, craignant un mauvais coup de Gérard Dalongeville et de son équipe de spécialistes en tracts anonymes, j'avais demandé à un camarade d'ouvrir l'oeil. Aux alentours de 23h, on m'amenait comme je le craignais un deuxième numéro de L'Affronteur, renommé l'Effronté et attaquant Daniel Duquenne et son épouse. J'ai immédiatement prévenu Marie-Noëlle et envoyé un texto furieux à Jean-Pierre Chruszez. Le lendemain, je téléphonais à Georges Bouquillon pour désavouer ces tracts odieux.
Les résultats du premier tour ont été un coup de massue. Nous n'avions pas le coeur à faire la fête. Avec 43 % des voix contre 28 % au FN et 18 % à l'Alliance Républicaine, le scénario d'une fusion avec l'AR assortie du dégagement de Gérard Dalongeville s'évanouissait.
Au deuxième tour, le Front National ne pouvait pas l'emporter. La victoire du 16 mars avait pourtant un goût amer. Après une petite appararition au Cèdre Bleu, le temps d'une Marseillaise, d'un Chiffon Rouge et d'une Internationale, je me suis éclipsé, ne supportant pas de fêter une victoire qui n'en était pas une avec des gens que j'avais combattus, qui me méprisaient et qui allaient être, pendant toute la durée du mandat des adversaires impitoyables bien décidés à continuer comme avant. Mais ça, c'est une autre histoire...